Quarante jours après son arrestation controversée survenue le 16 mai à l’aube, le président du parti Les Transformateurs a brisé le silence en adressant une longue lettre ouverte au peuple tchadien depuis sa cellule. Dans ce texte intitulé « Tous prisonniers des injustices et des inégalités », il revient sur les circonstances de sa détention, dénonce les maux qui minent la société tchadienne, et appelle à l’unité nationale autour des valeurs de justice, d’égalité et de dignité.
Une arrestation musclée et toujours inexpliquée
Réveillé à l’aube par des hommes armés, l’opposant affirme avoir été traité « comme un brigand ». Depuis son placement en détention, aucune charge officielle n’a été rendue publique, et le silence des autorités alimente les spéculations.
« Cela fait 40 jours que je suis là, cherchant encore, sans doute comme vous, la raison de ma présence », écrit-il.
Des “prisons à ciel ouvert”
L’homme politique élargit le propos au sort du peuple tchadien, qu’il décrit comme victime de multiples formes d’enfermement : pauvreté, chômage, insécurité, corruption, népotisme, manque d’accès à l’eau, à la santé, et à l’éducation.
« Notre peuple est prisonnier des maladies, de la faim, des exclusions. C’est cette prison collective qu’il faut briser », insiste-t-il.
Un appel à l’unité et à la résistance pacifique
Dans une lettre empreinte de lyrisme et d’espérance, le président des Transformateurs plaide pour une société fondée sur l’égalité et le respect mutuel, au-delà des appartenances religieuses, ethniques ou sociales.
Il met en garde contre les risques de domination, qu’elle soit confessionnelle, militaire ou patriarcale.
« Nous devons de toutes nos forces combattre les tentations de domination nordiste, sudiste, masculine ou militaire. »
Il s’adresse également à ceux qui, selon lui, instrumentalisent la religion ou l’ethnie à des fins politiques :
« Le peuple du Tchad ne veut pas remplacer une domination par une autre. »
Une grève de la faim comme ultime recours
À la fin de la lettre, il annonce avoir entamé une grève de la faim à partir du 24 juin, en protestation contre son incarcération et, plus largement, pour réclamer la libération du peuple tchadien de « toutes les injustices ».
« C’est le seul moyen d’expression que j’ai, depuis cette cellule. »
Une lettre tournée vers l’avenir
S’adressant à sa fille de 10 ans, il confie avec émotion la difficulté de justifier son absence, tout en lui transmettant une leçon de courage :
« Hope, la liberté n’est pas gratuite. »
Il termine son message sur une note de foi collective :
« Quand le chemin est dur, seuls les durs tracent le chemin. Le chemin de la dignité est le nôtre. Nous y arriverons, ensemble, comme un peuple libre. »