L’opération conjointe menée ce mardi par l’ARCEP et la Police nationale visant à démanteler des kiosques de transfert d’argent dits « illégaux » dans les rues de N’Djamena a suscité de nombreuses critiques. Si la régulation du secteur des télécommunications et des services financiers est nécessaire pour garantir la sécurité des transactions, la méthode employée soulève des questions quant à son impact social et économique.
Ces kiosques informels, qui opèrent souvent en marge de la légalité, constituent pour beaucoup de Tchadiens un moyen indispensable d’envoyer de l’argent à leurs proches, notamment aux étudiants vivant au Cameroun. Faute d’alternatives fiables et accessibles proposées par les opérateurs officiels tels que Moov Africa et Airtel, l’économie informelle s’est imposée comme un relais vital.
La décision de démanteler ces structures sans mise en place préalable de solutions alternatives risque de fragiliser davantage les ménages déjà vulnérables. Par ailleurs, elle met en lumière les lacunes des opérateurs officiels, qui peinent à offrir des services performants de transfert d’argent transfrontalier, alors que leur rôle est central dans la modernisation des paiements mobiles.
L’ARCEP a annoncé la création prochaine d’une commission mixte avec les autorités camerounaises pour mieux sécuriser ces échanges, mais cette initiative intervient après une opération jugée brutale par certains observateurs.
Ce coup de force réglementaire illustre les tensions entre la nécessité de lutter contre la fraude et celle d’assurer l’inclusion financière. Pour être efficace et juste, la régulation devra s’accompagner d’une concertation avec les acteurs concernés et de mesures concrètes pour garantir aux populations un accès sécurisé et durable aux services de transfert d’argent.