La campagne d’intégration de 5 000 agents à la fonction publique, portée par le président Mahamat Idriss Deby Itno, suscite de plus en plus de méfiance. En cause : l’ingérence d’un réseau occulte qui aurait court-circuité les procédures officielles.
Ce devait être un tournant pour des milliers de jeunes diplômés tchadiens. Une promesse forte du président de la République : intégrer 5 000 citoyens à la fonction publique. Mais dans les coulisses, le rêve semble s’effriter au contact d’un système qui ne dit pas son nom.
Des témoignages et sources internes révèlent que le processus d’intégration, censé être piloté par une commission mise en place à cet effet, aurait été accaparé par un réseau informel. Ce groupe, inconnu du cadre légal, aurait opéré discrètement en marge de l’administration, notamment durant le week-end, les samedi et dimanche, pour élaborer ses propres listes de candidats retenus.
Les ministères de la Santé, des Finances et de l’Éducation nationale seraient concernés. Pire encore, les dossiers déposés par les candidats dans le respect des règles ne seraient même pas pris en compte. Tout se jouerait désormais ailleurs, dans des sphères opaques où les relations personnelles et les recommandations priment sur la compétence.
« On a rempli les formulaires, on a déposé nos dossiers. On a suivi la procédure. Mais aujourd’hui, on apprend que ce sont d’autres noms qui circulent. Des gens qui ne sont jamais passés par la commission », confie un jeune postulant sous couvert d’anonymat.
La frustration monte. Et avec elle, le sentiment d’injustice. Plusieurs observateurs tirent la sonnette d’alarme : si rien n’est fait, cette opération pourrait devenir un symbole de désillusion pour une jeunesse déjà en proie au désespoir.
Il n’est pas trop tard, estiment certains. Le président de la République peut encore agir, en ordonnant un audit du processus et en exigeant la transparence totale. L’objectif : que chaque citoyen ait sa chance, sur la base du mérite, et non des connexions.
Parce qu’au-delà d’un simple recrutement, c’est la crédibilité de l’État qui est en jeu.