Le Conseil de l’Ordre des avocats du Tchad a vivement dénoncé ce jeudi une récente décision de la Cour suprême, qualifiée de « forfaiture judiciaire ». Lors d’un point de presse, Me Djerandi Laguerre Dionro, président du Barreau, a alerté sur une « instrumentalisation de la justice » qui, selon lui, met en péril l’État de droit au Tchad.
Une affaire judiciaire sous haute tension
Tout commence en août 2024, lorsqu’un scandale impliquant une « sextape » éclate, provoquant une onde de choc à travers le pays. L’affaire entraîne l’ouverture d’une enquête et des poursuites judiciaires contre plusieurs personnes, accusées d’association de malfaiteurs, de tentative d’extorsion de biens et de complicité.
Après un procès très médiatisé, le tribunal de N’Djamena prononce des peines allant jusqu’à trois ans de prison ferme. Les accusés font appel, mais la Cour d’appel confirme le jugement en première instance. Coup de théâtre il y a quelques jours : la Cour suprême annule cette décision, déclenchant une vague d’indignation au sein du Barreau.
Le Barreau fustige une justice sous influence
Pour Me Djerandi Laguerre Dionro, cette cassation est « une dérive inquiétante » qui fragilise la confiance des citoyens dans l’institution judiciaire. « Nous assistons à une instrumentalisation flagrante de la justice. Il est impératif que la magistrature demeure indépendante et libre de toute pression extérieure », a-t-il déclaré devant la presse.
Un appel à la vigilance et à la mobilisation
Face à cette situation, le Conseil de l’Ordre des avocats exhorte les autorités à garantir le respect des principes fondamentaux du droit et à préserver l’intégrité du système judiciaire. Il appelle également les organisations de défense des droits humains, les juristes et l’ensemble des citoyens à rester mobilisés contre toute tentative de manipulation de la justice.
Ce rebondissement judiciaire relance le débat sur l’indépendance de la justice au Tchad et ravive les inquiétudes quant à d’éventuelles ingérences politiques dans les affaires judiciaires. L’affaire est loin d’être close et risque de continuer à faire couler beaucoup d’encre.