7 ans. C’est l’âge du parti Les Transformateurs. Un anniversaire marqué par un discours fort de Dr Succès Masra, dans un contexte politique plus incertain que jamais. Mais au-delà des mots enflammés, ce discours interroge. Et profondément.
Le Tchad a-t-il encore une véritable opposition? L’accord de Kinshasa est-il un tremplin démocratique ou un piège savamment orchestré? Les Transformateurs sont-ils toujours porteurs d’un projet alternatif, ou en voie d’intégration dans le système qu’ils combattaient?
Dans ce discours, Dr Masra revient longuement sur l’accord signé à Kinshasa avec un représentant du pouvoir militaire. Mais que sait-on réellement de ce texte? Presque rien. Aucun détail n’a été dévoilé à l’opinion. Le flou est total. Pourquoi un tel manque de transparence? Que contiennent les clauses de cet accord? Quels compromis ont été faits?
Dans un pays où la méfiance envers les élites est grande, un tel silence n’est pas neutre. Il ouvre la porte aux soupçons: Argent reçu à Kinshasa, compromission politique, soutien tacite au régime… Tant que les zones d’ombre demeurent, la confiance s’effrite. Le peuple tchadien a droit à la vérité. Une opposition qui cache ses arrangements ne peut pas être crédible.
Les mots de Masra sont nouveaux : « Monsieur le Président, toi et moi, nous pouvons faire ceci ou cela… »
Un ton plus doux. Plus conciliant. Moins frontal.Mais que reste-t-il de l’opposant farouche qui dénonçait les dérives du Conseil Militaire de Transition ? Où est passée la voix de ceux qui réclamaient justice pour les morts du 20 octobre 2022, ou pour les exilés politiques ?
Ce tournant interroge. S’agit-il d’un recentrage stratégique, ou d’un recul idéologique ?
Les militants, surtout les jeunes, qui ont cru en un changement radical, peuvent-ils encore s’y retrouver ?
Une opposition crédible ne peut pas être floue. Elle doit être cohérente, transparente et fidèle à ses engagements initiaux.
Autre point marquant du discours: la mise en scène d’un duel entre le MPS et Les Transformateurs comme seuls pôles politiques capables de gouverner.
Elle occulte volontairement tous les autres partis, les mouvements citoyens, les voix indépendantes qui luttent depuis des décennies pour un Tchad pluraliste.
Cette bipolarisation ne sert qu’une chose : la confiscation du débat démocratique. Elle prépare le terrain à des accords secrets, des cohabitations feutrées, loin des attentes du peuple.
Le Tchad ne peut pas être réduit à un face-à-face entre deux élites. La démocratie, c’est la diversité, pas la binarité.
Dr Succès Masra demeure une figure majeure du paysage tchadien. Mais le flou qui entoure ses positions actuelles affaiblit sa parole.Tant que l’accord de Kinshasa ne sera pas publié, tant que la ligne du parti semblera fluctuante, la confiance restera fragile.
Le Tchad a besoin d’opposants solides, sincères, transparents. Pas de figures ambiguës, tiraillées entre ambition personnelle et compromis politiques. Le moment est venu de choisir: Refonder la démocratie ou cautionner la continuité sous un autre nom.
Rédigé par: SADAM MADIRI KAWADI