Le PPRDT s’oppose à la relecture du Code pastoral et soutient les évêques

Le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie au Tchad (PPRDT) a exprimé son rejet catégorique de la relecture du Code pastoral, un projet récemment remis sur la table par le gouvernement. Dans un communiqué rendu public ce jeudi, le parti se félicite de la position des évêques du Tchad qui ont, eux aussi, décliné l’invitation du gouvernement à prendre part au processus.

Le PPRDT rappelle que ce texte avait été retiré en 2014 par le maréchal Idriss Déby Itno, estimant qu’il ne favorisait ni la cohésion sociale ni les intérêts des paysans. Pour le parti, relancer aujourd’hui ce projet « n’a aucun sens » et risque d’exacerber les tensions entre communautés.

« Le Code pastoral est contraire à la vérité et à la justice, et il menace la paix sociale », souligne le communiqué, ajoutant que son adoption pourrait provoquer de nouveaux conflits entre éleveurs et agriculteurs. Le PPRDT accuse le gouvernement de manipulation politicienne et appelle plutôt à des initiatives favorisant le vivre-ensemble.

Les responsables du parti insistent sur la nécessité pour les autorités d’« écouter la voix de la raison » au lieu de « cautionner une mascarade » qui pourrait fragiliser davantage la cohésion nationale.

Le PPRDT conclut en demandant l’abandon pur et simple du projet de Code pastoral, rejoignant ainsi la position des évêques, qui y voient également une menace pour la paix et la stabilité sociale du pays.

Tchad : interdire le cash dans les provinces, un pari dangereux pour les fonctionnaires

Le gouvernement tchadien a décidé de mettre fin aux paiements en espèces dans les provinces, imposant le tout-numérique. Présentée comme une mesure de modernisation, cette décision soulève des inquiétudes majeures quant à ses conséquences pour les fonctionnaires et populations rurales.

Dans de nombreuses provinces, les banques sont rares ou inexistantes. Les fonctionnaires doivent souvent parcourir des dizaines de kilomètres pour toucher leur salaire. Dans ce contexte, imposer un paiement exclusivement numérique apparaît comme une décision déconnectée des réalités locales et socialement irresponsable.

Les téléphones mobiles, censés pallier l’absence d’agences bancaires, ne garantissent pas une solution fiable. Les réseaux sont instables, les coupures d’Internet fréquentes et parfois prolongées, rendant les transactions incertaines. Pour les enseignants et autres agents publics déjà précarisés, cette mesure est perçue comme un véritable sabotage social.

« C’est une décision presque suicidaire qui risque de frapper les plus pauvres », avertit un syndicaliste du secteur éducatif. La digitalisation forcée des paiements pourrait non seulement priver les fonctionnaires de leur salaire, mais également provoquer un mécontentement social important dans un contexte déjà fragile.

Alors que le pays tente de moderniser ses services publics, cette réforme illustre les limites d’une approche technocratique déconnectée des réalités du terrain. Dans un Tchad où la fracture numérique est profonde, l’interdiction du cash risque de devenir un véritable cauchemar pour les fonctionnaires et les populations rurales, plutôt qu’une avancée.

RDC : Constant Mutamba condamné, un signal fort contre la corruption

L’ancien ministre de la Justice de la République démocratique du Congo, Constant Mutamba, a été condamné à trois ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics destinés à la construction d’une prison. Tout au long de son procès, il a nié les accusations, mais le tribunal a jugé sa responsabilité établie, envoyant un signal clair sur la lutte contre l’impunité des hauts responsables.

Cette affaire illustre parfaitement l’impact concret de la corruption sur les infrastructures publiques et sur la vie quotidienne des citoyens. Les fonds détournés auraient permis de renforcer le système pénitentiaire et d’améliorer la sécurité publique. Leur perte retarde des projets essentiels et souligne les effets directs de la malversation sur la gestion des services publics.

Au-delà de la sanction personnelle, la décision de justice envoie un message politique fort : la transparence et la responsabilité dans la gestion des ressources publiques ne sont pas négociables. Elle rappelle également l’importance d’une justice indépendante capable de sanctionner les abus, quel que soit le rang du responsable impliqué.

Cependant, la lutte contre la corruption en RDC demeure un défi structurel. Pour que cette condamnation ait un effet réel et durable, elle doit s’accompagner de réformes institutionnelles profondes : renforcement des mécanismes de contrôle, suivi strict des budgets publics et assurance de l’indépendance de la justice.

L’affaire Mutamba dépasse largement le cadre judiciaire. Elle met en lumière les défis persistants de la gouvernance en RDC et souligne la nécessité de bâtir un État transparent et responsable, capable de protéger ses ressources, restaurer la confiance des citoyens et garantir un développement durable.

Éditorial : L’Afrique et le monde face à la reconnaissance de l’État de Palestine

La question palestinienne reste l’un des dossiers les plus sensibles et emblématiques de la diplomatie internationale. Depuis la déclaration d’indépendance en 1988, l’État de Palestine a progressivement été reconnu par une majorité de pays à travers le monde, et l’Afrique a toujours joué un rôle central dans cette dynamique.

Aujourd’hui, plusieurs nations européennes, ainsi que des pays d’autres continents, annoncent leur intention de reconnaître officiellement la Palestine. Ces décisions, qu’elles soient symboliques ou diplomatiquement stratégiques, reflètent un changement dans l’équilibre international et une volonté de soutenir le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. La France, la Belgique et d’autres pays européens prévoient d’officialiser cette reconnaissance lors des prochaines sessions de l’Assemblée générale des Nations Unies, marquant un tournant historique dans la politique étrangère européenne.

L’Afrique, fidèle à ses principes de solidarité et de justice, demeure un continent moteur dans ce processus. La majorité des États africains ont reconnu l’État de Palestine, soulignant l’importance d’une position collective et d’un engagement envers la paix et l’équité au Moyen-Orient. Cette solidarité panafricaine rappelle que les enjeux internationaux dépassent les frontières et nécessitent une action concertée fondée sur les valeurs universelles du droit international.

Cependant, la reconnaissance de la Palestine ne se limite pas à un geste symbolique. Elle constitue un levier diplomatique capable de favoriser des négociations justes, d’encourager le dialogue et de poser les bases d’une paix durable. Elle invite également les autres nations, y compris celles encore hésitantes, à réexaminer leur position et à contribuer activement à la résolution de ce conflit.

En affirmant son soutien à la Palestine, le continent africain rappelle au monde entier que la justice et la solidarité ne sont pas de vains mots, mais des principes que chaque nation doit défendre. Dans un contexte international souvent marqué par les divisions et les intérêts politiques, cette unité africaine offre un modèle d’engagement éthique et diplomatique que d’autres régions pourraient suivre.

La reconnaissance de l’État de Palestine n’est pas seulement un acte politique ; c’est un acte de conscience, un signal d’espoir pour des millions de personnes et un pas concret vers une paix durable et équitable.

Médias : la HAMA annonce un colloque international et célèbre ses 30 ans

La Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA) organisera, du 25 au 27 septembre 2025 à N’Djaména, un colloque international sur la lutte contre les discours de haine ainsi que la célébration de son 30ᵉ anniversaire. L’annonce a été faite par sa Présidente, également Vice-présidente du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication (RIARC), lors d’un point de presse.

Placée sous le thème « Les mécanismes de lutte contre les discours de haine : état des lieux et perspectives », cette rencontre s’inscrit dans le cadre du plan d’action biennal 2024-2026 du RIARC, qui regroupe 37 instances africaines de régulation. Le colloque réunira régulateurs, universitaires, acteurs des médias, leaders d’opinion et représentants de plateformes numériques pour réfléchir aux stratégies de prévention et de sensibilisation face à la montée inquiétante des discours haineux dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Cette initiative coïncide avec la commémoration des 30 ans d’existence de la HAMA, créée en 1994 sous le nom de Haut Conseil de la Communication (HCC), à la suite de la Conférence Nationale Souveraine. L’institution, devenue HAMA en 2018, a accompagné la libéralisation du paysage médiatique tchadien et s’affirme aujourd’hui comme un acteur central de la régulation dans un secteur en pleine mutation.

La Présidente de la HAMA a insisté sur le rôle des médias dans la promotion de la paix et de la tolérance, tout en appelant à leur engagement pour la réussite de ces événements. Elle a par ailleurs adressé ses remerciements au Président de la République, Mahamat Idriss Déby Itno, pour le parrainage et le soutien accordé.

Tchad :L’Église catholique se désolidarise du projet de Code pastoral

Les évêques des diocèses de Doba, Goré, Koumra, Moundou et Sarh montent au créneau. Dans un communiqué publié ce dimanche, ils ont annoncé leur refus catégorique de prendre part à l’atelier zonal sur la relecture du projet de Code pastoral, prévu les 1er et 2 septembre à Sarh.

Pour l’Église catholique, ce texte, initié par le ministère de l’Élevage et de la Production animale, est loin d’être un instrument d’équilibre entre les acteurs ruraux. Les prélats dénoncent un projet « partial, partisan et paysannicide », qu’ils accusent de privilégier l’élevage au détriment de l’agriculture, pilier de la subsistance de près de 80 % des Tchadiens.

« Ce Code pastoral scélérat doit être purement et simplement mis à la poubelle », tranchent-ils, estimant que les ateliers organisés autour de sa relecture ne sont qu’une mascarade destinée à légitimer un texte déjà biaisé.

Les évêques appellent à une nouvelle approche : l’élaboration non pas d’un seul Code pastoral, mais de deux textes distincts – un Code pastoral et un Code agricole – construits en dialogue direct avec les communautés villageoises, et non imposés d’en haut.

Ils exhortent aussi les médias indépendants à relayer le contenu du projet, afin d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur ce qu’ils considèrent comme une volonté du gouvernement « de diviser les Tchadiens ».

Dans une conclusion solennelle, les évêques lancent un triple appel :
« Que Dieu sauve le Tchad ! Que Dieu sauve le Tchad ! Que Dieu sauve le Tchad ! »

Le communiqué est signé à Moundou par Mgr Kouraleyo Tarounga Joachim, évêque de Moundou, au nom de ses confrères.

Tchad :Communication autour du match Sao – Black Stars : la FTFA pointée du doigt

La gestion médiatique du match ayant opposé les Sao du Tchad aux Black Stars du Ghana suscite de vives critiques. Plusieurs observateurs estiment que la Fédération Tchadienne de Football (FTFA) a failli à sa mission de communication en excluant une partie des médias nationaux, au profit d’un cercle restreint qualifié de « médias amis ».

Un tel choix, jugé arbitraire, soulève des inquiétudes quant à la visibilité du Tchad sur la scène sportive internationale. « Un événement d’une telle importance nationale ne devrait souffrir d’aucune exclusion médiatique », martèlent des voix du secteur.

Face à cette situation, des interpellations sont adressées non seulement au président de la Fédération, mais également au président de la République, afin que tous les médias tchadiens soient associés, d’une manière ou d’une autre, à la couverture des rencontres des Sao.

Pour de nombreux professionnels, la communication actuelle de la FTFA semble davantage reposer sur des relations personnelles que sur une véritable stratégie nationale, ce qui constitue un danger pour l’image et la visibilité du pays, tant sur le plan national qu’international.

Tchad : Wakit Tamma dénonce l’arrestation de Mahamat Souleymane Irégué et réaffirme sa détermination

Le mouvement citoyen Wakit Tamma a dénoncé ce qu’il qualifie d’« arrestation arbitraire » de son militant Mahamat Souleymane Irégué, interpellé à sa descente d’avion par l’Agence Nationale de Sécurité (ANS), avant d’être relâché grâce à la mobilisation de ses camarades.

Une délégation de la section politique du mouvement s’est rendue à son domicile pour lui témoigner soutien et solidarité. Dans une déclaration, le coordinateur national de Wakit Tamma, Zakaria Adam Zakaria, a fustigé « un régime répressif et dynastique » qui chercherait, selon lui, à « museler les voix dissidentes par la peur et les intimidations ».

Le mouvement affirme rester « déterminé à défendre la liberté et la justice », soulignant que « ni les arrestations arbitraires ni les intimidations ne pourront réduire au silence la jeunesse tchadienne consciente de ses droits ».

Wakit Tamma conclut en réitérant son soutien à Mahamat Souleymane Irégué, dont la « résistance inspire et fortifie la détermination collective pour un avenir plus juste ».

Politique : Mme Hoinathy Claudia, présidente intérimaire des Transformateurs, dénonce un « procès de la honte » et appelle à l’unité

Au lendemain de la condamnation de Succès Masra à 20 ans de prison ferme, la présidente intérimaire des Transformateurs, Mme Hoinathy Claudia, a pris la parole au « Balcon de l’Espoir » devant des centaines de militants mobilisés.

Sous le thème « Pour que nous ayons en partage le courage d’avancer ensemble », elle a salué la résilience des militants et sympathisants du parti, tout en dénonçant un procès « politique » destiné, selon elle, à museler leur leader. « Aucun scellé, aucune confrontation n’ont été produits. C’est sur des supputations que la justice a condamné un innocent », a-t-elle déclaré, qualifiant la procédure de « procès de la honte ».

Mme Claudia a également rendu hommage aux femmes, aux jeunes, aux anciens, à la diaspora et aux avocats qui, selon elle, « défendent la vérité avec courage malgré les pressions ». Elle a invité la foule à observer une minute de silence en mémoire des victimes de l’insécurité et des « voix de justice réduites au silence » au Tchad.

Réaffirmant sa loyauté au président Masra et au peuple tchadien, la présidente intérimaire a appelé à l’unité nationale : « Nous n’avons pas d’ennemis. Notre seul adversaire, c’est l’injustice sous toutes ses formes. » Elle a assuré que toutes les voies de recours seront exploitées pour obtenir la libération de leur leader et a conclu en insistant sur la nécessité d’un dialogue sincère pour construire un Tchad fondé sur la justice et l’égalité.

Mohamed Gadah : son projet de transférer le siège de Fitri menace l’unité et la stabilité

L’initiative de Mohamed Gadah visant à déplacer le siège administratif du Fitri de Yao à Ambassatna soulève une polémique qui pourrait fragiliser durablement la région. L’élu invoque les inondations saisonnières du lac Fitri pour justifier ce transfert et promet une meilleure continuité des services publics.

Mais cette proposition est perçue par la population comme un abandon pur et simple de Yao, ville historique et cœur identitaire du Fitri. Des habitants et notables s’inquiètent d’un risque accru de tensions communautaires et de divisions sociales. « Déplacer le siège, c’est fragiliser notre région et ignorer notre héritage », déclare un leader local.

Mohamed Gadah est également critiqué pour son manque de concertation avec les populations et les autorités locales. Beaucoup considèrent que sa démarche relève plus d’un calcul politique que d’une réelle stratégie de développement. En prônant le transfert, il pourrait créer des fractures irréversibles, transformant un problème d’infrastructures en crise politique.

Les experts et leaders locaux insistent sur la nécessité d’investir dans des solutions durables à Yao : routes surélevées, digues, infrastructures résilientes. Déplacer le siège, jugé précipité et non consensuel, serait une décision irresponsable qui menace l’unité, la stabilité et l’avenir du Fitri.

En somme, l’initiative de Mohamed Gadah apparaît comme une erreur stratégique majeure, susceptible de coûter cher à la cohésion régionale et à sa propre crédibilité politique.