La mort de dix jeunes tchadiens, tués le 6 juillet 2025 par des éléments de l’armée algérienne dans une zone aurifère du sud algérien, met en lumière une réalité brutale et silencieuse : celle des migrants économiques tchadiens livrés à eux-mêmes dans les zones frontalières.
Originaires des villages de Sidéré et Kindji, dans le département de Dababa, ces jeunes ont quitté leur région en quête de revenus, attirés par les promesses de l’or dans les zones désertiques d’Algérie. L’activité minière artisanale, bien que risquée et illégale, est devenue un recours fréquent pour des milliers de jeunes sans emploi. Mais dans un contexte de contrôle sécuritaire strict, cette quête de survie peut se transformer en piège mortel.
Le recours présumé à la force armée contre ces orpailleurs relance le débat sur les méthodes des forces de sécurité algériennes, déjà pointées du doigt pour des cas similaires dans les années précédentes. Le drame illustre aussi la complexité de la gestion des migrations informelles dans les régions sahélo-sahariennes, où les frontières sont poreuses mais la réponse sécuritaire souvent brutale.
Côté tchadien, le silence des autorités interroge. Ni communiqué officiel, ni message de condoléances, ni demande d’enquête internationale n’a été formulé jusqu’ici. Cette posture alimente un sentiment d’abandon chez les familles et soulève des critiques sur l’absence de protection consulaire pour les ressortissants en situation de vulnérabilité à l’étranger.
Ce drame n’est pas un cas isolé. Depuis plusieurs années, des jeunes tchadiens meurent dans l’indifférence en Libye, en Algérie ou au Niger, souvent dans les zones minières ou sur les routes de la migration. Sans mécanisme de suivi, de recours ou de justice, ces pertes humaines s’empilent dans l’anonymat.
Plus qu’un incident frontalier, cette tragédie pose une question politique essentielle : quelles mesures concrètes le gouvernement tchadien est-il prêt à prendre pour protéger ses citoyens à l’extérieur, réguler les migrations économiques et faire face aux risques sécuritaires croissants ?
En l’absence de réponse institutionnelle, le sentiment d’injustice risque de s’enraciner, renforçant la méfiance entre les populations et leurs représentants.




