Dans une déclaration virulente rendue publique ce samedi, le Groupe de Concertation des Acteurs Politiques (GCAP) tire la sonnette d’alarme sur la dégradation sécuritaire au Tchad et condamne fermement les propos tenus par le ministre de la Sécurité publique, Ali Ahmat Akhabach, lors de sa mission à Abéché.
Le ministre, en déplacement dans la province du Ouaddaï à la suite des violences meurtrières survenues à Molou, aurait tenu des propos jugés graves et contraires à l’État de droit. Devant un parterre d’autorités locales, il aurait appelé les forces de sécurité à « tuer ceux qui troublent l’ordre » et à « ne faire preuve d’aucune pitié », allant jusqu’à déclarer : « Celui pour qui on a de la pitié, il faut le mettre en prison et fermer la porte à clé ».
Pour le GCAP, ces propos ne relèvent pas d’une simple maladresse verbale mais d’un appel explicite à l’élimination physique de présumés coupables, en dehors de tout cadre judiciaire. « Ce sont des instructions dignes de commandos de la mort, inacceptables dans une République », affirme le communiqué.
Le groupe politique va plus loin, en dénonçant un climat général de chaos où l’État semble absent face à l’ampleur des violences communautaires. « Tandis que la population est décimée par des hommes armés qui circulent librement, les autorités ne se manifestent qu’après les drames, pour compatir ou constater », déplore le GCAP, évoquant notamment les massacres récents à Mandakaou, Molou et Oregom.
Le GCAP appelle à une prise de conscience collective et à des décisions fortes pour éviter une explosion de la République. Il renouvelle sa proposition de convoquer une Conférence des territoires, seul moyen selon lui de traiter en profondeur les conflits communautaires et les tensions récurrentes entre éleveurs et agriculteurs.
Enfin, se basant sur l’article 170 du Code pénal tchadien, le GCAP exige la démission immédiate du ministre de la Sécurité publique et l’ouverture d’une information judiciaire contre lui. Il interpelle aussi directement le chef de l’État, Mahamat Idriss Deby Itno, sur sa responsabilité dans la gestion du pays : « Le Tchad ne peut plus continuer à être dirigé par le scandale et l’irresponsabilité. Il est temps de prendre ses responsabilités, avant qu’il ne soit trop tard ».




