Une procédure engagée par le Consulat général du Tchad à Djeddah contre un chef traditionnel de la communauté tchadienne continue de faire réagir au sein de la diaspora, où l’affaire est perçue comme révélatrice de tensions profondes dans la gestion des affaires communautaires.
Les faits font suite à la circulation, sur l’application WhatsApp, d’un document attribué au ministère saoudien des Affaires étrangères, rappelant l’interdiction de toute organisation associative ou rassemblement communautaire non autorisé. Le texte, largement relayé, concerne l’ensemble des communautés étrangères présentes en Arabie saoudite, dont la communauté tchadienne.
D’après plusieurs sources, le document aurait été transmis par le chef traditionnel Kelle Guinassou Issa à Abdelmadjid Abdallah, président intérimaire de la communauté tchadienne, avant d’être porté à la connaissance du consul général. Considérant cette diffusion comme une atteinte à l’ordre public et un acte d’incitation, le consul général a saisi les services de police, donnant lieu à l’ouverture d’une enquête.
Cette initiative intervient dans un contexte déjà tendu. Des différends opposent depuis plusieurs mois le consul général, Salahdine Mahamat Abdelrahman, à certaines figures de la communauté, notamment le représentant du Parlement tchadien pour l’Asie, Hussein Issa, au sujet des rôles et des responsabilités dans l’organisation communautaire. Le chef mis en cause, réputé proche de ce dernier, se retrouve ainsi au centre d’un dossier à forte charge symbolique.
Au-delà de cette affaire, plusieurs ressortissants tchadiens dénoncent ce qu’ils qualifient de gestion restrictive de la part du consulat. Ils évoquent une hausse des frais consulaires, une limitation des prises de parole, la suspension d’activités sportives et culturelles, ainsi que des démarches ayant conduit à l’annulation de manifestations pourtant encadrées par les autorités locales.
Certains témoignages font état de l’interdiction de l’usage des symboles nationaux tchadiens lors de rassemblements, et de convocations de jeunes sportifs dans des commissariats à la suite de plaintes déposées par la représentation diplomatique. Des faits qui, selon des membres de la communauté, ont contribué à instaurer un climat de crainte et d’incompréhension.
L’âge avancé et l’état de santé du chef traditionnel poursuivi alimentent également le débat. Des proches assurent qu’il ne maîtrise ni la lecture ni l’écriture, et qu’il n’utilise pas les outils numériques, soulevant des interrogations sur son implication réelle dans la diffusion du document litigieux.
Alors que l’enquête suit son cours, de nombreuses voix appellent à une médiation et à l’intervention des autorités tchadiennes compétentes, notamment le ministère des Affaires étrangères, afin de clarifier les responsabilités, apaiser les tensions et préserver la cohésion de la communauté tchadienne en Arabie saoudite.




