dimanche, décembre 7, 2025
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Éditorial : “Afrique : entre promesses et fractures”

L’Afrique centrale, de l’Ouest et de l’Est nous envoie aujourd’hui quatre signaux forts : d’un côté l’espoir, de l’autre l’alerte. Le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Soudan et la Tanzanie illustrent la complexité d’un continent en mutation et parfois en rupture.

Au Cameroun, l’annonce de la réélection de Paul Biya pour un huitième mandat, à l’âge de 92 ans, a déclenché une vague de contestation. Les protestations se sont intensifiées, les jeunes et les villes comme Douala ont montré leur ras-le-bol face à une gouvernance perçue comme figée. En parallèle, le pays fait face à des crises humanitaires majeures : insécurité accrue dans les régions anglophones et au nord-f de nombreuses personnes déplacées. Le contraste est saisissant : d’un côté, une stabilité politique ancienne, presque immuable ; de l’autre, des attentes sociétales nouvelles et une jeunesse impatiente. Le Cameroun apparaît comme un pays qui « reste à ses fondations », alors que le monde bouge.

La Côte d’Ivoire montre un autre visage. Après des années difficiles de tensions politiques, le pays a affiché de bons résultats économiques : croissance solide, modernisation des infrastructures. Mais ce renouveau reste ambivalent : l’élection du président Alassane Ouattara pour un nouveau mandat (quatrième selon les sources) soulève des questions sur la démocratie, la participation et l’équité politique. Le pays avance mais le chemin vers une gouvernance partagée n’est pas encore tracé. On sent l’envie d’un « modèle », mais aussi la crainte qu’il soit réservé à une élite.

Au Soudan, c’est l’alerte rouge. Le conflit entre l’armée et les milices paramilitaires du Rapid Support Forces a plongé le pays dans ce que l’Nations Unies qualifie de « plus grave crise humanitaire du monde ». Famine, déplacements massifs, infrastructures de santé détruites les signes abondent que l’Etat est fragilisé. Dans ce contexte, parler seulement de « reconstruction » ou de « relance » paraît dérisoire : il s’agit d’abord de préserver la vie, la dignité. Le Soudan rappelle que la paix n’est jamais acquise, et qu’un tournant manqué peut coûter cher.

En Tanzanie, on pourrait croire que tout roule : croissance économique projetée à 6 % pour 2025, réforme fiscale, investissements. Mais derrière ces chiffres, la démocratie vacille. Le parti au pouvoir, Chama cha Mapinduzi (CCM), continue de contrôler fortement l’espace politique. L’opposition est affaiblie, des voix s’élèvent pour dénoncer des arrestations arbitraires, la restriction des libertés. Le pays illustre ce dilemme fréquent : la stabilité et la croissance, oui ; mais à quel prix pour l’ouverture politique ? Et jusqu’où cela reste-t-il viable à long terme ?

Que retenir de ces quatre trajectoires ? D’abord, que l’Afrique n’avance pas selon un seul modèle linéaire. Il n’y a pas de formule magique : certains pays misent sur la croissance et l’investissement, d’autres sur la consolidation de l’autorité, d’autres encore sur la simple survie. Ensuite, que la « bonne gouvernance » reste le vrai défi. Car la croissance économique sans inclusion sans justice, sans participation finit par devenir fragile. Enfin, que les crises ne sont pas l’exception mais peuvent devenir la norme si rien ne change : le Soudan en est l’illustration tragique.

Pour les populations, cela veut dire que l’espoir est là infrastructures, projets, promesses mais que la vigilance doit rester. Pour les gouvernants, cela veut dire que le soutien populaire ne peut plus reposer uniquement sur des slogans ou des mandats sans renouvellement. Et pour les partenaires internationaux, cela veut dire que l’Afrique n’est pas « là pour être sauvée », mais bien pour coopérer en soutien à des choix africains.

En somme : l’Afrique   à travers le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Soudan et la Tanzanie  est en face d’un carrefour. Le choix ne se limite pas entre « croissance ou crise », mais entre « croissance avec justice ou croissance qui divise». Et la divergence sera probablement plus visible encore dans les années à venir.

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