L’insécurité dans la région aurifère de Miski, n’est pas un simple phénomène de violence sporadique. Elle révèle un déséquilibre profond entre les intérêts économiques, les rivalités armées et l’absence flagrante d’un véritable cadre sécuritaire. Ce territoire, censé être un moteur de prospérité grâce à ses richesses minières, s’est transformé en un champ de batailles où la loi du plus fort prévaut, au détriment des populations locales.
En examinant les récentes attaques, on constate un schéma récurrent: des actes violents ciblant des commerçants et des travailleurs locaux, souvent perpétrés avec des armes en circulation clandestine. Le meurtre de Ahmat Youssouf Adiguei et Moussa Tahir Yacoub questionne la provenance de ces équipements. Comment ces armes se retrouvent-elles entre les mains des assaillants? Existe-t-il des filières de trafic qui opèrent sous la surveillance passive, voire complice, de certaines autorités?
L’exploitation de l’or attire non seulement des chercheurs de fortune, mais aussi des groupes armés qui en font un levier de financement. Des témoignages de mineurs évoquent des exactions répétées, et pourtant, aucune force de sécurité ne semble garantir leur protection effective.
Alors que le gouvernement tchadien a signé un accord de paix avec le Comité d’autodéfense de Miski, pourquoi ces violences continuent-elles? L’accord est-il un simple instrument politique sans impact réel sur le terrain?
Un autre élément troublant est l’absence de réaction rapide des forces de l’ordre après l’attaque. Qui coordonne les enquêtes? Ces crimes feront-ils l’objet de poursuites judiciaires, ou disparaîtront-ils dans l’opacité, comme tant d’autres auparavant? L’impunité chronique qui règne dans le Tibesti renforce l’idée d’une zone laissée à elle-même, où l’or, la contrebande et les armes dictent les lois.
Si ces violences sont récurrentes, il faut en déduire que l’insécurité n’est pas une anomalie, mais plutôt une conséquence logique d’un système où la survie économique prime sur le respect des droits fondamentaux. À qui profite vraiment cette instabilité? Et surtout, qui a intérêt à ce qu’elle perdure? Tant que ces questions resteront sans réponse, le Tibesti continuera d’être un territoire en marge, où la loi du plus fort règne en maître.
Une analyse de: Sadam Madiri Kawadi