Doha : Tout échec de négociations est une calamité pour le Tchad

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Doha ou rien ! L’avenir du Tchad se joue en ce moment à Doha au Qatar où gouvernement et politico-militaires se sont réunis pour négocier les conditions de participation au dialogue national inclusif.
Les négociations, au lieu du pré dialogue, se sont ouvertes ce dimanche matin, à Doha, capitale du Qatar. Le gouvernement du Tchad a ouvert les travaux. A ses côtés, des représentants des autorités qataries. Dans ses propos, le représentant du Qatar informe que son pays en est facilitateur et non médiateur, comme initialement entendu.
Le FACT déclare sa désapprobation et sa désolation. Et boycott la suite des travaux. Dans la foulée, des concertations ont eu lieu et les travaux sont suspendus pour 72heures. Quelle peut être la suite de ces négociations ? Et quelles seront les conséquences ? C’est en tout cas les deux interrogations qui m’intriguent depuis l’annonce de la suspension des travaux. Le fait d’avoir écarté la presse privée et indépendante de cette rencontre est un autre élément qui cachent les intentions du CMT et son gouvernement.


Nous savons que depuis le début de la transition, beaucoup d’observateurs et même les simples citoyens, nombreux sont ceux qui ne sont pas convaincus de la bonne foi des autorités de transition. Aujourd’hui, avec le discours inaugural du Premier ministre de transition, Pahimi Padacke Albert, ont y voit la détermination des autorités à conduire une transition consensuelle et des élections crédibles, ça n’est pas la parole. Le départ du Président du CTS, Goukouni Weddeye, du processus n’a pas fini de livrer ses secrets. Le désistement du Qatar en qualité du médiateur entre les autorités de transition et les groupes rebelles en dire aussi long. Dès lors, la chance de réussite de négociations avec les groupes rebelles, censés favoriser un dialogue national véritablement inclusif, est menacée. Si tant est que les autorités de transition ne sont pas animées de la bonne volonté de faire aboutir la transition ou ne sont pas capables de réunir toutes les conditions, nous risquons fort de repartir à la case de départ.


Ainsi, mis à part le fait d’avoir invité des groupes rebelles fictifs qui pourraient prendre cause et effets au CMT, la rencontre de tous ces mouvements rebelles à Doha est une occasion de s’entendre face aux autorités de transition décidées de ne pas lâcher le pouvoir. Ce qui permettrait aux mouvements rebelles de signer des accords pour faire front commun, désigner un seul leader (même si ce scénario semble difficile) et reprendre les hostilités. Cela d’autant plus que depuis longtemps, nombreux d’entre eux sont privés des documents de voyage qui leur empêche de tenter des rapprochements avec les autres ou chercher des partenaires. Le fait que ceux-ci aient obtenu des documents de voyage est une force majeure qu’ils viennent d’acquérir.
Autre élément utile pour les politico-militaires, c’est que depuis longtemps, pilonnés par l’armée française parce que considérés comme des terroristes et mercenaires, ils viennent de bénéficier d’une reconnaissance internationale qu’ils sont des rebelles. En effet, le fait d’accepter de les réunir à Doha pour dialoguer avec eux marque un tournant décisif dans leur quête. Ils sont désormais des Tchadiens. Oui, les autorités de transition ont l’obligation de tout mettre en œuvre pour parvenir à principe de dialogue sincère avec une intention de tourner véritablement la page de Tchad vers des nouveaux horizons. Car l’échec de Doha serait suicidaire. Et ça donnera une caution bonifiée aux politico-militaires de reprendre leur lutte. Et cette fois-ci, ils auraient le soutien du peuple qui ne croira plus au langage des autorités de transition. Et, je ne sais par quel argument la France interviendra pour pilonner leurs positions comme elle l’a fait ces dernières années. Et si d’aventure, il arrive un tel hasard , ces groupes rebelles auront des soutiens aussi. Et si tel pourrait être le cas, on s’installera dans un désordre probablement sans fin. Doha est donc un pari à gagner sinon, le contraire risque d’être un défi périlleux. C’est tout simplement des hypothèses anticipatées. La verité sera connue très bientôt. Mais une chose est absolument déterminante : Doha ou rien pour le reste. Il faut donc éviter d’enterrer l’avenir du Tchad à Doha.
Page Facebook de Azoudoum Gédéon

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